Édito: JEAN ET CAMILLE, UNE AMITIÉ FRUCTUEUSE Newsletter n°32 – Juin 2025

JEAN ET CAMILLE, UNE AMITIÉ FRUCTUEUSE

Chambéry, 17 mai: des jeunes de la maison d’enfants à caractère social du Bocage amènent les reliques de Camille Costa de Beauregard, lors de la cérémonie de béatification de leur fondateur. Ils les transportent sur un brancard qu’ils ont eux-mêmes décoré et fleuri, avec comme inscription sur le côté « Respecter les enfants autant que les aimer ». Formidable signe de leur attachement au fondateur de leur maison!

Oh ! je sais, une telle démarche fera peut-être sourire bon nombre de professionnels de notre secteur. Et pourtant, à l’heure où la Protection de l’Enfance traverse une grave crise dans notre pays, se référer à ceux qui, en pleine révolution industrielle qui jetait à la rue bon nombre d’enfants, ont initié une pratique de
Protection de l’Enfance, revêt à mes yeux une importance considérable. Jean Bosco, dans le Piémont, et Camille Costa de Beauregard, en Savoie, comptent parmi les plus illustres. Ils s’inspiraient des mêmes intuitions de François de Sales, « Rien par force, tout par amour », et, lors de leur rencontre à Turin en
1879 pour échanger sur leurs expériences, ils se rendirent compte de la similitude de celles-ci, fondées sur une approche préventive… car, n’oublions pas que, dans la France du XIXème siècle, les expériences innovantes auprès de la jeunesse en conflit avec la loi avaient pour nom «colonies pénitentiaires», les plus célèbres étant Mettray (fondée en 1837) et Belle Ile en mer (fondée en 1880), des établissements à la triste
réputation.

Jean et Camille ont en commun d’avoir passé leur vie à mettre en œuvre un rêve de jeunesse. On se souvient du songe des neuf ans du petit Jean, où, se voyant au milieu d’une horde de gamins qui se chamaillaient, il était tenté de donner des poings, et comprit, dans son rêve, que ce n’était pas la bonne méthode : celle- ci devait s’appuyer sur la douceur. Et sa vie durant, il développa cette pédagogie qualifiée de salésienne Au sortir d’une soirée mondaine à Paris, le jeune Camille, quant à lui, fut interpellé par deux enfants en haillons qui faisaient la manche Il leur donna une obole, et rêva la nuit suivante de se trouver dans une grande maison où il pourrait accueillir tous ces enfants et leur apporter la joie de vivre.

Ainsi les destins de Camille et de Jean se sont croisés, et l’œuvre du Bocage sera confiée aux Salésiens en 1956.

À l’école de Camille et de Jean, sachons permettre aux enfants que nous accueillons dans nos maisons de réaliser leurs rêves. C’est ce message qu’il nous faut continuer de leur transmettre aujourd’hui, en les faisant grandir dans la confiance. Une récente étude menée en France par le «think tank vers le haut» montrait que dans notre pays 8 jeunes sur 10 renonçaient à leurs aspirations par manque de confiance en
eux!

Lors du séjour à Turin réalisé fin avril avec les enfants et adolescents des maisons de Blandain et d’Hornu (Belgique), j’ai été marqué par le profond silence qu’ils observaient tous, lorsqu’à la tombée de la nuit, assis près de la maison où Jean Bosco avait vécu son enfance, ils écoutaient le récit du songe de cet enfant et l’appel qui leur était lancé à leur tour de réaliser leurs rêves. Combien, même si les difficultés sont
importantes, il s’agit de croire en la vie, à l’exemple du célèbre marronnier, planté par Camille dans la cour du Bocage qui , aimait-il rappeler aux enfants, triompha de la maladie parce qu’il voulait vivre !

Oui, à l’exemple de Camille et de Jean, croyons en la jeunesse !

Jean-Marie PETITCLERC sdb
Coordinateur du réseau

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